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Moi et autres libertés prises avec la réalité.
24 février 2005

Bénissez notre pain quotidien

6.00 : Radio-Contact il est 6 heures !

6.00.01 : Où est ce fichu bouton qui me permettrait de faire sonner cette horreur dans 5 minutes ?

6.00.02 : le bouton farceur a gagné, je me rendors la radio allumée

6.30 : comment ça il est 6.30 ? ? Je me suis endormie il y a 5 minutes et il était 21.00 !

6.35 : si je me lève pas je suis à la bourre

6.45 : ah ben je suis à la bourre

6.52 : je m’extrait de mon lit.

6.52 – 7.10 : je me douche ( des pieds à la tête, cheveux compris), rase, brosse cheveux et dents ( mais pas avec la même brosse) me crème les endroits secs avec la main gauche pendant que la main droite fini de sécher ceux qui ne l’etaient pas.

7.10 : Douloureux moment du non-choix des fringues. De toute façon, ce que j’ai envie de mettre, je l’ai mis hier, et ce que je vais mettre à contre-cœur aujourd’hui, j’aurai envie de le mettre demain. Je me rendrai compte à 8.45 que j’ai mis des choses atroces.

7.16 : je réveille ma mère en espérant qu’elle me dépose dans le tram.

7.33 : je suis dans le tram. Je pose un œil endormi sur mon bouquin

7.59 : je pointe ! ! avec une demi-heure d’avance sur l’heure limite d’arrivée. Et une demi-heure de retard sur mes collègues matinaux.

8.00 : si j’ai pas mon thé, je démarre pas. Courrier, planification.

8.30 : la corrida commence

Madame Lili, j’ai pas eu mes sous. Pourquoi ? Parce que je vous avais demandé de prolonger votre inscription comme demandeur d’emploi/votre certificat médical/votre titre de séjour.

Madame Lili, je m’en sors pas avec mon mari, il me bat. Quittez-le. Non. Ah…

Madame Lili, j’ai les huissiers chez moi parce que j’ai pas payé une facture d’hopital de 32 eur en février 2003.

Madame Lili, j’ai pas d’argent. Mais on est le 5 du mois ! Oui mais j’ai du acheter un nouveau GSM. ET vous avez pris un GSM à… ? le nouveau à 450 EUR !

Madame Lili, j’ai des médicaments très chers à acheter, je peux pas payer. Ce sont des médicaments pourquoi ? Pour l’obésité. Vous êtes obèse ? Un membre de votre famille l’est ? Non…

Madame Lili, je suis à la rue, il faudrait que vous preniez mes enfants chez vous.

Madame Lili, je vous jure, ca fait deux ans que je suis ici et je ne connais ni vos heures d’ouverture, ni les montants des payements, ni les dates !

Madame Lili, je vous jure c’est la dernière fois que j’ai besoin d’aide pour finir le mois ! C’est la 150eme dernière fois.

Madame Lili, vous êtes vraiment pas gentille de ne pas vouloir payer mes dettes !

Madame Lili, j’ai plus de mutuelle. Pourquoi ? J’ai pas payé mes cotisations pendant les 10 dernières années. On pourrait pas les payer pour moi ? Mais je peux pas rembourser hein !

Madame Lili, on se fout du monde ici, que voulez-vous que je fasse avec si peu d’argent, sale conne ! (Sortez)

12.00 : Pause. Repas. Pas silence. Rire

12.12 : téléphone : Allo ? Oui Madame Lili c’est parce que j’ai pas pu venir alors que vous m’avez convoqué il y a trois mois, c’est pour savoir si je serai payé ? Non. Je suis en heure de table, rapellez à 14.00

12.13 : coup de dent dans le sandwich

12.15 : téléphone. Allo ? Madame Lili, je serai payé quand ? Le 30-du-mois-heure-de-table-14.00

12.20 : fou rire collègual

12.30 : téléphone : Allo ? Madame Lili, c’est pour vous dire que je vais bien. Merci. Heure de table. 14.00

12.45 : tout le monde s’étonne de ne pas avoir entendu le téléphone sonner pendant ¼ d’heure.

12.48 : Toc toc toc : Madame Lili ? Je suis en retard ? Oui de 3 mois ou en avance de 3 jours, c’est comme vous voulez. Je vous dérange ? Non, c’est juste que j’ai une vie.

13.00 : telephone : Allo ? Madame Lili, ici la mutuelle trucmuche, je vous informe que Monsieur X n’a plus droit à rien. Et n’aura plus droit à rien. Jamais. Dette énorme. Des milliers d’euros. Fini à vie. Procès.

14.00 : Heure de table finie. Téléphone en folie.

14.00 – 15.00 : Je réponds à 15 coups de téléphone, répond à 12 questions existencielles, vais chercher ma collègue au toilette parce qu’un client défonce sa porte, tape 2 rapports.

15.00 : Madame Lili ? La permanence c’est à quelle heure : entre 8.30 et 10.30 tous les lundis mercredis vendredis, comme depuis 5 ans que vous êtes là.
Mais si je suis là, je peux juste donner un papier ? Oui

Et alors pour mon aide est ce que je peux vous poser une question ? Non

Mais quand-même c’est important. Ce que je fais c’est aussi important, ce que je ne fais pas pendant que vous me dérangez ½ heure alors que c’est " juste pour donner des documents ", c’est important aussi. Ma santé mentale c’est important. ( ça je le pense. Je le dis pas. Je me contente de virer l’importun)

16.00 : OUF ! Si je veux, je pars. Mais si je pars, une tonne de boulot reste. Donc je ne pars pas.

16.30 : j’ai tapé 4 rapports, envoyé 2 fax.

17.00 : j’ai envoyé 25 convocations - 2 rappels – 10 recommandés.

17.30 : Je me casse parce qu’après 17.30 mes heures sup’ sont pas payées.

17.45 J’attend le tram et j’ai faim

17.50 : j’attend le tram, j’ai faim et froid.

18.00 : le tram arrive.

18.15 : j’attends mon bus.

18.20 : j’attends mon bus, et il neige.

18.30 : j’attends mon bus et il grêle. Souvent à ce moment là j’ai envie de pleurer.

18.45 : j’attends la mort à l’arrêt de bus. Comme le bus arrive avant la mort, je décide de le prendre quand-même.

19.00 Mon arrêt. 10 minutes de marches dans le noir, sur des pavés qui glissent et en pente.

19.12 : Mes chats veulent ma peau ou plutot que je remplisse leurs gamelles.

19.13 : j’ai donné a mangé aux chats. Et je me rends compte que j’ai pas fait pipi depuis hier soir. J’ai pas eu le temps.

19.13.02 : AAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaah !

19.15 : je vais manger une soupe. Et puis. Une soupe. C’est tout. Une cuillère c’est lourd. Le reste c’est long.

19.30 : j’aspire à mon lit

20.00 : je SUIS dans mon lit. Avec mon bouquin. Ou mon téléphone. Ou les deux.

20.25 : je tombe sur mon livre

21.30 : téléphone de Zamour Premier : " et ta journée ma belle ? Comme d’hab mon cœur. Calme. "

Soyez assistante sociale, qu’ils disaient…

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