Chroniques sociales
=> Le CPAS c'est chiant...
Alors je vais commencer par les anecdotes...
Mais
avant tout, pourquoi des anecdotes... Parce que tous les jours, je vois
des gens abîmés par la vie... Et tous les jours, ils me font penser
1/ que j'ai de la chance
2/ que j'ai une immense tendresse pour le genre humain.
Le
métier d'AS est compliqué. Difficile.Ardu. Mais je le fais avec un
plaisir qui grandit chaque jour parce que ce que je fais à du sens pour
moi. A regarder tous les jours ces gens, je m'achète une humanité. J'ai
besoin de mon travail pour me dire que toutes ces vies cassées,
abîmées, dont personne ne veut, j'ai pris le temps de les regarder et
d'essayer de faire un bout de chemin avec elles. Bien souvent, j'ai pas
pu faire grand-chose mais rien que de prendre le temps de les voir, de
les écouter, de les accompagner quelques jours, parfois de les cadrer,
ca leur a rendu un bout de leur dignité.
Il est très facile de
manquer de respect pour soi-même... Encore plus quand personne n'a de
respect pour vous. J'essaye, tous les jours, de faire en sorte qu'ils
se respectent, qu'ils se responsabilisent et qu'ils ne subissent pas
leur vie. je crois profondément que la responsabilité donne la dignité
et que chacun est acteur de sa vie, au moins dans la façon d'accepter
les accidents de parcours.
Tout ce que je vais dire ici est strictement exact. Quand je vais parler de leur odeur, de leur aspect et parfois de mon dégout ( parce que ne nous leurrons pas, la déchéance sociale, c'est pas seulement une perte de repère, ca a une odeur et un aspect), je parle de mon ressenti. Il ne s'agit jamais d'un jugement ou d'une quelconque fixation dans un état que je juge inchangeable. Je parle de ce que j'ai vu, avec mes yeux de jeune femme élevée à l'abri de tout ça.